Ours ne lève plus la tête. Il vit courbé, les yeux rivés au sol. Depuis qu’il a trouvé une carriole, il n’a plus qu’une seule préoccupation : la remplir. Peu importe de quoi ! Il ramasse, il amasse, se tracasse. Catastrophe s’il loupait quelque chose !
Ce jour-là, affairé comme à son habitude, il n’a pas senti le vent se soulever, il n’a pas entendu le craquement dans les branches. Et la tempête s’est déchaînée. Chance pour lui… Alouette a poussé un cri ! Ours aurait perdu la vie, écrasé sous un tronc, s’il n’avait pu s’écarter juste à temps.
Cette fable au sens transparent rappelle que le bonheur n’est pas dans la consommation. Il est dans l’air que l’on respire, dans le chant des oiseaux, dans le bleu du ciel qui colore l’album de part en part, dans la lumière orangée qui illumine le feuillage des arbres et les linogravures d’Andrée Prigent.
Michel Defourny