« Julia et la mer sont comme deux amies. Julia chantonne. Les vagues vont et viennent« . Plus loin, « Julia, la mer et la femme sont comme trois amies« .
Julia joue très sérieusement sur la plage ; algues, pierres, coquillages, morceaux de bois, cailloux, capsules, pinces de crabes, les trésors laissés sur le sable par la mer sont nombreux. Julia les rassemble, les assemble et anime tout un monde de petits personnages étonnants.
Etonnants pour ceux, adultes ou enfants, qui passent par là et lui posent des questions, dont les visages révèlent le ton : bienveillant (« qu’est-ce que tu fabriques ?« ), rationnel (« que veux-tu faire ?« ), intentionnel (« ce sera joli ?« ), voire agressif (« c’est quoi, ça ?« ) ou moqueur (« tu trouves ça mignon ?« ). Julia se referme devant ces intrusions dans son univers imaginaire et reste on ne peut plus évasive dans sa réponse… La mer, elle, « ne pose pas de questions« .
Quand arrive une personne qui déploie un chevalet et tout son matériel, sans interroger la fillette, les rôles s’inversent. Intriguée, c’est à Julia de questionner la peintre sur ce qu’elle fait. Et celle-ci de lui répondre qu’elle ne le sait pas encore. C’est à la dernière page que le tableau se laisse découvrir.
Un livre qui parle de créativité, d’invention, d’imagination, de rêverie, de monde intérieur, de solitude, et aussi de complicité spontanée.
Le vent dans les cheveux bouclés de Julia, les mimiques des visages, le va-et-vient des vaguelettes ourlées d’écume sur les jambes de Julia assise au bord de l’eau, les mares brillantes laissées par la mer dans le sable dur, les assemblages pleins de poésie réalisés par Julia, la texture du sable sous les doigts et sur la peau, les reflets lumineux de la mer sous un ciel partagé entre nuages et soleil… autant de sensations que Matt Myers rend palpables dans ses compositions picturales imprégnées d’un doux réalisme.
Chantal Cession.