La colère s’empare d’Irma la souris lorsqu’elle découvre que ses fraises ont été grignotées : partout des trous et encore des trous. Même celles qui sont encore vertes ont été croquées. Et Irma de s’emporter :
C’est mon jardin à moi ! J’ai fait pousser mes fraises de mes propres mains !
Je les ai soignées et arrosées, j’ai arraché les herbes et mis de l’engrais.
Et je l’ai fait toute seule ! C’est ça ma récompense ?
Sans attendre, Irma tente de protéger son bien, riche de rhubarbes, laitues, oignons, pétunias et autres trésors. Elle accumule clôtures, pièges, murs, tranchées. Et pour couronner le tout, elle élève un mirador.
Cette nuit-là, cric, crac… Quel est ce bruit sinistre qui la réveille ? Un être étrange pourvu de deux antennes se traîne par-dessus le mur et, qui plus est, il est suivi par de nombreux petits. Ceux-ci se plaignent. L’un est épuisé, un second est éperdu, un troisième a faim… Où aller ? Ils n’ont plus de chez soi !
N’en disons pas davantage. Sachons seulement que les myrtilles sont mûres !
Il n’est pas nécessaire de s’appesantir longuement sur le message véhiculé par ce récit, d’autant plus d’actualité qu’il nous faut lutter contre l’égoïsme ambiant, la stigmatisation des réfugiés et l’érection de murs.
Texte et images sont l’oeuvre de l’artiste finlandaise Aino-Maija Metsola, connue entre autres pour les motifs qu’elle a créés depuis 2006 pour la célèbre firme Marimekko, utilisant aquarelle, marqueurs, gouaches… Fleurs et fruits, tantôt reconnaissables, tantôt taches de couleur aux contours flous, se fondent pour créer un jardin des merveilles où vibrent le rouge, le jaune, le vert, l’orange, le bleu, tandis qu’apparaît, très expressive, dessinée au trait, la souris Irma bientôt confrontée à la famille des petits escargots.
Michel Defourny