Les Oroqen considèrent qu’ils appartiennent à la Terre-Mère,
comme tous les êtres vivants de la forêt.
C’est un grand jour pour Aya. Son grand-père lui propose de l’emmener en expédition, très loin dans la forêt profonde, à la rencontre des ours. Cela fait longtemps que la fillette attendait ce moment. Si elle avait déjà eu l’opportunité de découvrir nombre d’animaux sauvages, jamais encore elle n’avait eu la chance de voir un ours. À la suite d’Aya et de son grand-père, le lecteur pénètre dans l’immense forêt du Nord de la Chine, territoire peuplé par les Oroqen. Aya sera comblée puisqu’au bord d’une rivière, elle aperçoit une maman ourse et ses trois oursons. Ils jouent, hélas, dans un tas d’ordures ! Par-delà ce récit cadre, l’auteur et l’illustratrice, tant dans le texte que dans les images, invitent le lecteur à découvrir le quotidien d’une minorité ethnique que nous ne connaissons guère : habitat, alimentation, mode de déplacement, usages vestimentaires… Les Oroqen y apparaissent profondément attachés à la vie animale et à leur forêt à laquelle ils vouent un grand respect ainsi qu’en témoigne le geste du grand-père qui réduit en cendres les détritus déposés par des humains irresponsables. Dans ce grand format, les illustrations de Jiu Er font ressentir la splendeur de la forêt aux mille nuances, tandis que l’été s’apprête à céder sa place aux premiers flocons de neiges annonciateurs de l’hiver.
Parallèlement, de multiples questions restent sans réponses. Où sont les parents de la petite Aya confiée à ses grands-parents ? Si elle est enfant unique, est-ce en raison du programme de limitation des naissances qui a été imposé pendant de longues années en Chine ? Qui sont ces adultes venus déposer, à l’abri des regards, pareilles ordures au coeur de la forêt ?
Cet album paru aux éditions Rue du monde fait suite à L’élan ewenki, d’après une légende captivante que se raconte le peuple des Ewenki, éleveurs de rennes qui vivent en harmonie avec la nature, dans une région reculée d’une solennelle beauté, au Nord-Est de la Chine.
Michel Defourny