Offrir au lecteur une encyclopédie pour tout savoir sur la communication, telle est l’ambition de Romana Romanyshyn et Andriy Lesiv dans Tout le monde se parle ! que publie Rue du monde. Loin de restreindre le propos au langage articulé, les deux créateurs ukrainiens ménagent un large place au non verbal… de la gestuelle à la proxémie, des contacts visuels à la communication vestimentaire. « Un très léger mouvement de pupilles vaut parfois des milliers de mots« .
Il est bien sûr question d’écriture et d’alphabets, de braille et de langue des signes… Pour vaincre la distance, sont passés en revue des supports porteurs d’information aussi variés que les battements de tambour, les signaux de fumée, les lignes télégraphiques et téléphoniques, le téléphone cellulaire et les réseaux informatiques…
Il est rappelé dans ce volume kaléidoscopique de 128 pages que les humains n’ont pas le monopole des échanges d’informations. Animaux et végétaux communiquent entre eux : chants des oiseaux, bioluminescence chez les lucioles, changement de couleur et de motifs de la peau pour certaines espèces. Si l’on sait, grâce aux travaux de Karl von Frisch, que les
abeilles dansent pour signaler la présence de fleurs et la distance à parcourir pour les atteindre, par contre on ignore généralement que les gerris et autres insectes aquatiques tracent à la surface de l’eau des ondulations de trois types qui sont autant de messages différents. Même étonnement en découvrant que les tomates sont capables de se prévenir de l’arrivée d’une chenille ! A la lecture de l’ensemble de ces exemples, chacun comprendra que communication et vie vont de pair. « La communication est un état naturel de la vie« .
Le graphisme adopté par Romana Romanyshyn et Andriy Lesiv allie une expressivité apparentée à des pictogrammes grand format… à l’efficacité de schémas dont la fonction explicative est renforcée par une utilisation sélective et minimaliste de la couleur.
Michel Defourny