Se jeter à l’eau, Geneviève Casterman – Esperluète, 2018

Construit sur le mode du livre accordéon – que son auteure, l’artiste Geneviève Casterman, a antérieurement exploité dans trois oeuvres publiées chez Esperluète –, Se jeter à l’eau se dévoile en douceur, nourri d’une harmonieuse imagerie ondulatoire et d’une poésie délicieusement existentielle.

Immersion dans un univers aquatique, celui d’une piscine publique, cadre de l’Histoire humaine. Le tableau, panoramique, est réaliste ; l’horizontalité est sa ligne de force ; les formes courbes s’enchaînent ; les teintes claires font parade. La scène est habitée : mille et une petites choses s’y déroulent, une foule d’individus s’y côtoient, toutes sortes d’histoires s’y racontent, une suite de gestuelles s’y déploient… C’est tout un monde qui anime le bassin d’eau et ses bords ; une micro société en somme qui expérimente audace comme badinerie. Composée de bébés et mamans, fillettes et garçonnets, vieillards et consorts, familles et solitaires, coquettes et oisifs, joueurs et sportifs, passives et songeurs, lectrices et causeurs, amateurs et athlètes, mélancoliques et exubérants, cette école de la vie voit certains patauger, d’autres rêvasser, d’autres encore se précipiter… Et l’artiste de  ponctuer la scène de réflexions concrètes ou impressions personnelles relatives à l’eau, le fluide, la mer, la vague, la larme, la nage, l’immersion de la tête et du corps.

Se jeter à l’eau est une ode à la vie, à ses méandres, ses profondeurs, ses paliers, ses plaisirs, ses épreuves. Se jeter à l’eau, c’est comme naître, se propulser, s’épanouir, grandir. C’est apprendre, découvrir, partager, se propager. C’est se confronter, affronter, risquer… et résister. Se jeter à l’eau, c’est tout cela à la fois, et bien au-delà encore, qui esquisse la grande aventure de la vie.

Brigitte Van den Bossche

 

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