C’est un petit format en bichromie.
Il y est question d’une petite princesse.
Elle s’appelle Sissi.
Evidemment elle scie.
Se multiplie par six.
Cherche par-ci, par-là des « -si »
Et trouve LE si.
Régal de jeux de mots, graphisme minimaliste, cet opus burlesque signé Sarah Cheveau nous emmène de manière joyeusement délirante dans le sillon de la mythique héroïne de la cour impériale austro-hongroise – cette princesse dont l’histoire cinématographiée avec romantisme ravit encore petits et grands.
La Sissi de Sarah Cheveau, elle, n’est pas campée dans une opulence de décors, elle n’a rien de sentimental ni de fougueux . Elle ne s’ancre pas dans une sucrerie de conte de fée. S’affichant dans une robe fastueuse, dévoilant un décolleté affriolant et flanquée d’un auguste diadème – suprême témoignage de souveraineté –, la Sissi de Sarah Cheveau arbore les attributs normatifs d’une princesse taillée sur mesure. Par contre, ce qui est peu commun, osons dire franchement corsé, c’est la Sissi se pavanant avec… une scie. La mixture ‘outil tranchant’ – ‘féminine éminence’ rend la scène surréaliste, d’autant que l’artiste confère à sa Sissi la fière allure, la dégaine déterminée et l’air impassible. A tout le moins, la parade se fait inquiétante et glaçante – féroce même dès lors que la Sissi est démultipliée en six, toutes en quête de banales ou surprenantes choses en ci-/si-/sy-.
Récit abracadabrant, chute absurde qui voit Sissi amusée, tonalité truculente, insolite imagier de « si » en somme, ce petit album à l’iconographie épurée de Sarah Cheveau s’impose par sa désopilance.
Brigitte Van den Bossche