Commençons par le titre : Mayday ! mayday ! est une déformation anglaise de « m’aider » ; un appel au secours, dans les années vingt, lancé par des pilotes français en perdition… en direction de Londres. L’utilisation de ce mot est prescrit comme signal de détresse par l’International Convention of Washington du 25 novembre 1927, lors de la rédaction du code radiotélégraphique international pour l’aviation et la marine.
Le contexte : « Nous sommes dans le futur lointain, au plus profond de l’espace, à droite de la Constellation de la Glace, juste à côté de celle du Bonbon Rouge, très au-dessus de celle de l’Ours Paresseux. »
L’action : Un vaisseau spatial d’une beauté à couper le souffle est averti par la tour de contrôle qu’un objet non identifié a été repéré. Alors que le danger est signalé, mayday ! mayday !, aucune réaction n’est enregistrée de la part des astronautes, comme on le voit à travers les images diffusées par les caméras n° 1,2,3,4,5,6,7,8, entre 10h29 et 10h36. Chacun, dans l’indifférence, vaque à ses occupations : fiesta dans la salle centrale, lecture solitaire dans la bibliothèque, bisous dans la serre, détente au bar, gymnastique, natation et repos dans la salle de sports, activités culinaires intenses.
10h37 : les étrangers débarquent, armes au poing. Panique à bord, agitation frénétique ! Surprise : deux minutes plus tard, ces mêmes étrangers affichent leurs intentions pacifiques. 10h40 et 10h41 : la caméra n°1 témoigne de la fête, tous dansent, dzim, boum tralala !
Morale de l’histoire : L’étranger n’est pas « forcément » un ennemi. Évitons les préjugés et les malentendus !
Style : Un vaisseau spatial dont le dessin n’aurait pas été renié par les designers du groupe Memphis. Des personnages sortis on ne sait d’où : de la bd, du cartoon, de l’album pour enfants, du graphisme minimaliste associé au graphisme rococo ? En tout cas, c’est l’œuvre d’une artiste à l’imagination débridée qui aime les détails piquants, maîtrise les formes et les couleurs, qui compose d’étonnantes doubles pages de S-F, qui a le sens du rythme et surtout beaucoup d’humour.
Conclusion : Du grand, du très grand « Rouergue ».
Info complémentaire : Cristina Spano, qui a déjà publié au Rouergue A pas de fourmi, en 2019, collabore au New York Times, au Boston Globe, au Wall Street Journal, à La Vanguardia, à Astrapi , à NBC News.
Michel Defourny