Depuis qu’ils les ont découvertes, les artistes occidentaux d’avant-garde du vingtième siècle n’ont cessé de se passionner pour les poupées katchinas des Indiens Pueblo du Nouveau Mexique et de l’Arizona, qu’ils les collectionnent ou s’en inspirent dans leurs créations. Citons Emile Nolde, Sophie Taeuber-Arp, André Breton, Max Ernst, Georgia O’Keefe, Ettore Sottsass. Aujourd’hui, il faut ajouter à cette liste les noms de Dominique Ehrhard et Anne-Florence Lemasson qui publient chez (Les Grandes personnes) la reproduction fidèle, en pop-up, de cinq de ces statuettes. Emerveillement devant les formes stylisées et les motifs abstraits, devant les agencements de couleurs vives, devant les assemblages de bois et de plumes. Apaisement et sérénité à l’écoute des paroles de réconfort prêtées aux esprits. Chaque figurine a son nom et sa fonction : Mongwu le hibou, Hemis la pluie, Kwahu l’aigle, Sowi Ingwa le cerf et Tawa le soleil. Avec cet album, les poupées katchinas retrouvent leurs vrais destinataires. Leur succès dans les musées et les collections privées avait presque fait oublier leur caractère sacré et surtout qu’elles étaient offertes aux enfants à la suite de cérémonies rituelles, au cours desquelles des danseurs costumés et masqués incarnaient les esprits. Ce pop-up est un bel hommage rendu aux Indiens Hopi et Zuni d’Amérique du Nord qui, dans des conditions climatiques difficiles, cherchent à vivre en harmonie avec la nature.
Michel Defourny