Fanny Dreyer, La colonie de vacances – Albin Michel Jeunesse 2021 [coll. Trapèze]

La Colonie de vacances de Fanny Dreyer séduit par ses qualités narratives et visuelles. Cinq enfants se retrouvent en montagne dans un camp de vacances estivales. Tout au long du séjour rythmé d’activités et aventures diverses, ils se racontent, observent, ressentent, apprennent : séparés de leur famille, ils sont confrontés à la vie en collectivité. Louise, Marco, Jeanne, Nina et Ali, âgés de 6 à 10 ans, révèlent chacun, chacune leur individualité ; ils apprécient, craignent, réprouvent toutes sortes de choses ; l’une entame là sa première
expérience de colonie et les autres ont déjà goûté à ces odyssées d’été. Ensemble, ils vont s’épanouir au gré des jeux, échanges, chansonnettes et randonnées… au fil des jours, au fil des nuits.

Fanny Dreyer dépeint avec finesse des paysages et une nature qu’elle connaît bien, ceux de  sa Suisse natale. Ses chalets, ses végétaux, ses minéraux, ses objets et figurines de traditions populaires, ses douceurs sucrées aussi…. composent une toile vaste et bucolique sur laquelle sont épinglés différents moments de la colonie : les préparatifs à la maison, le départ et le voyage en car, l’arrivée au gîte, la découverte du dortoir, les rassemblements autour des
moniteurs, la constitution de groupes joyeusement nominatifs et la création des costumes, les tâches à la cantine, les histoires du soir, les « olympiades », le passage à la piscine, la grande randonnée, la boum de clôture, le tohu-bohu du rangement… Les phases s’enchaînent jusqu’au retour au bercail, et avec elles une foule d’atmosphères et d’émotions : alternance d’épisodes mélancoliques et guillerets, de doutes et d’insouciance, de moments d’introspection et d’autres de partage.

Sa Colonie de vacances, Fanny Dreyer la scénographie toute en délicatesse, dévoilant par touches successives une petite société d’êtres qui s’initient à la vie en communauté, nourrie d’échanges et d’explorations ; une petite société qui étape par étape se construit jusqu’à son émancipation finale. Car oui, au terme de l’expérience intense vécue ensemble, chacun aura bougé de place et s’ancrera autrement sur le chemin de sa propre existence.

La poésie des images de Fanny Dreyer fait écho à celle du récit. Ses illustrations doucement colorées et aérées invitent à la contemplation. L’artiste signe là un album d’une belle humanité.

Brigitte Van den Bossche

+++Chronique réalisée pour l’Association Belge pour la Littératie-section francophone / ABLF : https://www.ablf.be/coin-lecture/263-la-colonie-de-vacances

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