Giulia Vetri, Chant de Lune – Les Grandes Personnes 2024

Lecteur,
Lève les yeux et contemple ma splendeur (…)
.
Cette exhortation aux accents poétiques, rehaussée d’une image de croissant de lune, introduit l’album de Giulia Vetri.

Les premières pages de Chant de lune – des papiers calques transparents – dévoilent des silhouettes humaines, animales, des paysages sur lesquelles influe la lune. Ce corps céleste qui, depuis la nuit des temps, fait rêver, chanter et danser ; cet astre qui éclaire, guide et étrangement magnétise ; ce satellite de la terre qui régit l’existence et le déploiement d’éléments naturels. Les pages suivantes – les supports calques sont abandonnés au profit de papiers colorés et savamment découpés – convoquent l’Histoire humaine, ses croyances et traditions, ses exploits et aspirations, dans ses rapports obstinés avec la lune : terre d’exil d’une déesse chinoise et de son lapin fabuleux, gobée par un dragon ou serpent ailé chinois, accaparée dans toute sa splendeur par une divinité égyptienne, associée nominativement à des éléments de botanique ou de zoologie, foulée au pied triomphalement par l’homme, elle fascine inlassablement.

Tout autant personnifiée que sublimée dans l’album de Giulia Vetri, la lune nous fait voyager sensiblement dans le temps et dans l’espace. Mythifiée par nos ancêtres, vénérée et célébrée de mille façons, scrutée en permanence et plus que jamais convoitée, elle affirme aussi à la fin de l’ouvrage, dans sa plénitude radieuse, son appartenance à une vaste galaxie : celle que l’homme insatiable ambitionnerait de conquérir.

À  bien des égards, Chant de lune nous renvoie à Là où tout est blanc, autre album que signe Giulia Vetri en 2020 aux éditions des Grandes Personnes : l’artiste y composait alors une ode à l’Antarctique, territoire lui aussi de séduction de l’espèce humaine, dans une forme graphique annonçant celle de Chant de lune – couverture cartonnée, reliure en spirale, alternance de papiers calques fins et papiers découpés. Si ce titre précédent s’inscrivait déjà dans la lignée des livres-objets et livres d’artistes de Bruno Munari et Katsumi Komagata, Chant de lune n’échappe pas à cette honorable filiation : album choral et poème graphique, il fait directement écho au premier récit de Dans la nuit noire de l’Italien et de Jours de lune du Japonais, tous deux édités en français aux Grandes Personnes.

Flamboyante et éternelle, la lune… Giulia Vetri nous le rappelle dans une œuvre magistralement orchestrée.

Brigitte Van den Bossche

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