Enfances, Marie Desplechin et Claude Ponti – L’école des loisirs 2018

La couverture créée par Claude Ponti suscite d’emblée interrogations et interprétations au sujet des « Enfances » que propose l’album. Nous voyons un enfant de dos, sur un large chemin qui mène à un grand arbre. Dans un jeu de perspectives impossibles, branches et racines de l’arbre se prolongent de part et d’autre en chemins de traverse. Tandis que les lignes horizontales des branches devenues chemins/sentiers semblent ouvrir de multiples voies possibles vers un horizon serein, l’arbre, élément vertical et solide évoque tout à la fois l’enracinement et les origines.
« Partout, dans tous les temps, dans tous les lieux, parmi toutes les espèces vivantes, avant l’adulte il y a d’abord un enfant. Être enfant est ce qu’il y a de plus précieusement important dans l’univers, parce que sans enfant il n’y a pas d’adulte. Tout simplement. » C’est paradoxalement le texte consacré au « tout premier enfant du monde » qui clôture par ces mots l’album consacré à 62 « enfances » choisies par Marie Desplechin et Claude Ponti. Si on referme le livre sur ces quelques mots de conclusion et que l’on se sent l’envie de revenir au début, à la page de titre par exemple, on y retrouve la même idée exprimée par l’illustration de Ponti : une jeune enfant debout, de profil, tenant face à elle dans ses paumes largement ouvertes l’image en réduction de la femme
Marie Desplechin et Claude Ponti nous racontent, l’une en mots, l’autre en images, soixante-deux histoires d’« enfants » qui , tous, ont un jour changé la vie des gens et le monde dans lequel nous vivons. Puisant dans l’Histoire, la mythologie, les sciences, les arts, les légendes, la littérature… leur choix s’est porté sur certaines figures très connues, mais aussi moins connues ou même pas connues du tout. Pour chacun, en une courte narration, Marie Desplechin épingle dans leur enfance quelques traits de caractère, les conditions de vie, un incident ou une anecdote qui mettent en lumière ce qui a « porté » chacun d’eux, ce qui fut leur « ressort » : concours de circonstances, tempérament, volonté, rébellion, endurance, courage, intelligence, goût de la vie… Ensuite, quelques lignes d’informations font le lien avec la vie de l’adulte devenu et son contexte. Pour chacun, en guise de titre, leur nom et prénom, suivi d’un sous-titre éloquent et très spirituel et enfin leur date de naissance.
A travers leur choix sciemment éclectique et éclairé, les auteurs ont rendu justice à des personnes injustement méconnues comme Zola Budd ou Edmond Albius. Quant à l’enfant des grottes et au tout premier enfant du monde, les auteurs partagent simplement leur réflexion avec les jeunes lecteurs.
On retrouve dans les illustrations de Claude Ponti tendresse, humour, intelligence ; certaines sont simplement suggestives ou synthétiques. Il utilise parfois diverses techniques : incrustation ou superposition de photos, de décors, discrète inspiration puisée chez d’autres artistes, ses sources étant répertoriées à la fin de l’album.
On ne peut qu’admirer dans cet album la cohérence de la démarche, la richesse de la documentation et du savoir, l’étendue de la culture et la profonde humanité qui s’en dégage… Chaque histoire est une rencontre féconde qui rendra le lecteur curieux, étonné, encouragé et peut-être plus confiant en lui-même !

Chantal Cession

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