Je n’ai jamais imaginé être un réfugié – La Croix Rouge de Belgique, en collaboration avec l’Ecole Supérieure des Arts de la Ville de Liège et Page 1, 2016

Je me souviens de cette matinée de rencontre aux ATI avec des étudiants de l’Académie des Beaux-Arts de Liège et leur enseignante Virginie Pfeiffer, venus consulter les ressources du fonds documentaire de Michel Defourny en vue de la réalisation d’un travail collectif d’illustration. Il s’agissait de trouver idées et techniques pour faire échos en images aux récits de quelques résidents du centre de la Croix-Rouge d’Ans, demandeurs d’asile en Belgique. J’étais loin d’imaginer que quelques années plus tard, le souvenir de ces étudiants curieux et motivés par leur projet serait ravivé par ce bel album aboutissant sur mon bureau…

Différentes collaborations ont permis de réaliser ce projet et lui donner une portée qui dépasse l’idée de départ et en font une véritable expérience de vie à différents niveaux.

Le dialogue des étudiants avec les intervenants sociaux et les résidents du centre sur leurs souvenirs, leurs parcours d’exil, les conditions d’accueil et leurs vies ici ont été la base d’une grande narration dont chaque étudiant a illustré un passage différent. Leur volonté de s’accorder sur leurs langages graphiques offre un livre cohérent et diversifié tout à la fois. Luc Baba, avec délicatesse, sobriété et générosité, a prêté sa plume à la réécriture des témoignages de Moussa, Meron, Bachar, Jamal, Valeria et Walid. Et Virginie Pfeiffer a illustré la couverture : sur fond noir, l’envol d’une multitude d’oiseaux aux couleurs différentes apporte une note de sérénité et d’espoir au contexte grave annoncé dans le titre. Des renseignements pour en « savoir plus » sur la thématique de l’asile et de la migration ou pour en « faire plus » complètent l’ouvrage.

Ce livre suscite de profondes émotions, tant par la lecture des témoignages que par les illustrations qui en prennent le relai ; celles-ci se succèdent dans une diversité parfois déconcertante : crayons de couleurs, pastel noir gras, aquarelles légères, encre de chine, style suggestif ou précis, vignettes ou pleines pages… Mais c’est sans aucun doute la sensation d’un profond respect pour la parole des réfugiés qui harmonise la présentation de ces divers intervenants.

Chantal Cession.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *