Marine Schneider, Hiro, hiver et marshmallows – Versant Sud, 2018

Hiro est une ourse atypique : contrairement à ses frérots, elle n’aime pas hiberner. Ça l’ennuie, ça l’agace même, elle ne trouve pas le sommeil et ressent de l’appétit pour toute chose – le ventre est creux certes, mais la tête aussi est curieuse ! Malgré la mise en garde de ses parents, Hiro est déterminée à découvrir l’hiver, ses longues nuits et l’air froid. Car pour Hiro, l’hiver est jusqu’alors  énigme et inconnu. C’est en toute discrétion qu’elle quitte la grotte familiale, équipée d’un petit pot de miel, d’une peluche (tous deux en forme d’ourson évidemment), d’un carnet nominatif et de quelques crayons – preuve, s’il en est, de son souci de garder trace en verbe et en image de son odyssée hivernale.

Dehors, la brise glaciale et les flocons de neige se dévoilent à elle et la charment aussitôt. L’aventure se profile en douceur, l’exploration est graduelle:  silencieuse et émerveillée d’abord ; prudente et intrigante ensuite ; surprenante et embarrassante enfin… à la suite d’un incident provoqué  par l’ursidé voyageuse. Attirée par une odeur mielleuse, « celle, sucrée et fondante, de marshmallows grillés », Hiro déboule dans une clairière illuminée par des lampions et un feu qui crépite. Le surgissement soudain d’Hiro y fige fillettes et garçonnets qui festoient et savourent des brochettes de guimauves. La petite compagnie fuit la bête sur le champ, la laissant déconcertée, chagrinée, profondément seule…

C’est à ce moment que s’avance timidement le jeune Emile, moins apeuré semblerait-il que les autres convives : il s’autoproclame le « pro des marshmallows » alors que l’ourse le croit tout simplement « Hiver ». Naît alors une délicate histoire d’amitié, de connivence et de bienveillance. Une histoire harmonieuse, tendre et attachante qui lie bête et humain.

La jeune autrice-illustratrice belge Marine Schneider nous livre ici un récit poétique et raffiné : une ode à la nature, à la fraternité, au partage entre les êtres, à l’apprentissage mutuel. Les images, sombrement colorées, lumineuses ou épurées, dépeignent avec beaucoup de sensibilité une atmosphère joviale, nordique, aérienne.

Brigitte Van den Bossche

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