L’album s’intitule « Les Animaux ». Pourtant pas un seul ne figure en couverture.
Ce ne sont que ronds de couleur.
Peut-être se cachent-ils à l’intérieur, sous des rabats à soulever, une technique de plus en plus exploitée ? Mais non, sur chaque page, rien que des ronds de couleur et le nom d’un animal correspondant.
Ainsi le brun symbolise-t-il l’ours. Le blanc, l’ours polaire. Le vert, la grenouille. Le gris clair, la souris et le gris foncé, l’éléphant… Curieusement ce recours à l’abstraction éveille l’imagination et suscite chez le lecteur une réelle activité mentale. Il se souvient des multiples représentations d’animaux auxquels il a été confronté. Peut-être les poussins jaunes de Claude Ponti chatouilleront-ils sa mémoire ? Ou celui-ci se souviendra-t-il de l’énorme crocodile vert de Quentin Blake illustrant Roald Dahl, prêt à tendre un piège subtil ? A la vue du rose, se racontera-t-il l’histoire des Trois Petits cochons telle qu’on lui a lue dans la version de Gerda Muller ? Et, en lieu et place du corbeau évoqué par la couleur noire dans cet album, pourquoi ne s’amuserait-il à se faire peur, se souvenant du noir cauchemardesque du loup tel qu’il apparaît dans Rouge Rouge Petit Chaperon rouge d’Edward van de Vendel et Isabelle Vandenabeele ?
Enfin, ultime gag, la quatrième de couverture est évidée. Devinez l’animal auquel a pensé Bastien Contraire qui propose ici un album aussi ludique, aussi surprenant que drôle dans son minimalisme.
Michel Defourny