Delphine Perret, Le gros livre – Les Fourmis rouges 2024  

Derrière ce titre sobre et neutre, se cachent bien des surprises tant cet ouvrage regorge de vie, de sagesse et de drôlerie.

Le gros livre est en fait… un tout petit livre. Mais épais – quelque 180 pages le constituent. Une courte citation de Boris Vian, teintée d’humour absurde, le préface. Dix-sept chapitres le structurent, listés dans un sommaire et entrecoupés de doubles pages de « pause ». En guise d’introduction de l’opus, figure une invitation en mots et en images à trouver le confort pour bien savourer le livre – traduction : incitation à la lecture plaisir !

Delphine Perret nous narre, dans ce Gros livre, une volée de petites aventures du quotidien, aussi simples que farfelues, vécues par une volée d’êtres humains, animaux et créatures hybrides. Certains d’entre eux sont anonymes, d’autres se prénomment bizarrement Super-content (le rhinocéros), Gilbert & Jean-Cive (deux bestioles indéterminées), Mi (le poussin), Henri (le canard), Kaï (le pêcheur), Flub (le poisson)… Si tous et toutes sont traversés par des réflexions élémentaires et questionnements variés, parfois à la connotation philosophique, ils usent chacun de leur savoir-faire, de leur sens commun, de leur bonne volonté et de leur joyeuse imagination pour y faire face. Qu’ils soient coriaces ou assaillis par le doute, qu’ils affichent une contenance extraordinaire ou se la jouent modestes, qu’ils fassent preuve d’expérience et d’aisance ou s’estiment maladroits et sans talent, ils témoignent d’une profonde aptitude à détourner ce qui leur est défavorable et à savourer la simplicité d’une façon d’être au monde et de faire société.

L’album fourmille de saynètes ici facétieuses, là désopilantes, toutes animées d’une dimension de l’absurde. D’une petite histoire à l’autre, on passe sans discontinuer de la jubilation à la tendresse, d’une légèreté de propos à une profondeur existentielle. Le gros livre est un grand livre qui fait l’éloge de la candeur. Et le graphisme que signe Delphine Perret, d’un dépouillement désarmant, y participe joyeusement.

Brigitte Van den Bossche

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